LES THANGKAS
↳ LES PIGMENTS
Traditionnellement, l’ensemble de la gamme colorée à la disposition des peintres de Thangkas est issue d’éléments naturels d’origines minérales, végétales ou animales.
L'azurite est un carbonate de cuivre naturel, extrait de mines provenant de Chine ou du Kazakhstan.
Elle se présente sous forme de cristaux tubulaires, prismatiques ou en agrégats globuleux. Elle est la première couleur avec laquelle le peintre travaille sur son thangka. Une fois appliquée, l’aspect de son rendu final doit être mat .Cette matité permettra de déterminer une notion de profondeur dans les différents plans. L’azurite est utilisée dans la mise en couleur des ciels lointains, certains éléments tel que l’eau, une partie du paysage ou des nimbes corporels.
La malachite est un carbonate naturel de cuivre provenant de mines identiques à celles de l’azurite.
En tant que sulfates de cuivre, ces deux couleurs offrent la possibilité de pouvoir extraire plusieurs teintes issues de la même pierre. La couleur finale dépendra de la finesse du broyage de celles ci. Plus leur broyage est grossier, plus la couleur sera dense, plus la granulométrie s’affine plus la teinte pâlit. Sur un thangka, certaines nuances de vert peuvent aussi être obtenues en mélangeant deux autres couleurs qui sont respectivement l’Indigo et l’orpiment. Utilisées en début de réalisation, pour mettre en valeur les arrières plans de la composition, les teintes vertes d’aspect mat, donneront vie aux prairies, aux arbres, aux feuillages ou aux nimbes de certaines divinités.
Le jaune d’orpiment est extrêmement toxique en tant que sulfure d’arsenic naturel.
Le peintre ou le restaurateur se doit donc d’être extrêmement vigilant lorsqu’il l’emploie. Ses nuances varient du jaune bouton d’or au jaune orangé.
Le réalgar, le cinabre, le vermillon
Concernant les teintes rouges le peintre de Thangka aura à sa disposition :
Du réalgar également nommé Arsenic rouge ; du cinabre se formant quant à lui dans les mines de Mercure ; du vermillon obtenu par sublimation en ajoutant du souffre à part égale à du mercure.
Les rouges apparaîtront sur les thangkas sous un rendu brillant et traiteront des valeurs des premiers plans pour des divinités paisibles ou irritées, ou bien seront présents dans les parures vestimentaires ou les flammes. Appliqués en traits, ils servent à apporter l’ombrage et le modelé.
Le minium de plomb est un oxyde de plomb de couleur orange, tout aussi toxique que le cinabre. Utilisé pur et sans broyage, sa qualité la plus prisée est déterminée par l’intensité et l’éclat de sa couleur, la finesse de son grain et enfin son poids. Les autres teintes orangées sont obtenues en mélangeant du vermillon et de l’orpiment.
Le kaolin et la craie
Le kaolin est un type d’argile blanche entrant dans la composition de la porcelaine. En pigment, il a l’aspect, la couleur et la finesse de la farine.
La craie est une roche calcaire poreuse. En pigment elle peut revêtir des couleurs allant du blanc pur au blanc ivoire, et son aspect est moins fin que le kaolin.
Sur un thangka, c’est l’association de ces deux éléments et de colle animale qui permettra d’élaborer la base de préparation de toute peinture himalayenne, l’enduit.
En tant que couleur, le blanc est fortement encollé, son rendu et son aspect sont invariablement brillants et matérialisent le premier plan.
L’indigo sera utilisé comme trait de contour, comme ombre ou comme couleur. Il est obtenu à partir d’une base végétale.
Le rouge laq, ou gomme laque est obtenu à partir des cochenilles.
Les autres teintes rouges proviennent de la garance, du bois de santal rouge ou encore du murex.
L’or : celui utilisé sur les thangkas est des plus purs et provient de feuilles d’or broyées. Il peut être mat si on le laisse tel quel ou bien brillant si on le travaille en le lustrant à l’aide d’une pierre d’agate. Il sera donc soit lointain soit au premier plan. On peut faire varier sa couleur en lui ajoutant de la laque afin qu’il soit plus rose ou de l’indigo pour un rendu plus oxydé. Son utilisation sera toujours confiée à la meilleure main d’atelier qui l’appliquera en toute fin de réalisation dans tout ce qui souligne, structure ou ornemente une forme.
Le broyage des pigments
Des pigments minéraux s’obtiennent par broyage manuel ou mécanique de pierres semi-précieuses.
L’extraction se fait ensuite par sédimentations successives.
Le prix d’un pigment ne dépend donc pas uniquement de son côté semi -précieux, mais aussi, du temps, de la complexité et de la quantité de travail que nécessitent les procédés liés à sa fabrication.
Le coût de telles matières premières n’est donc pas à la portée de tous les peintres.
C’est pourquoi certains d’entre eux utilisent par nécessité et commodité des pigments synthétiques depuis le siècle dernier.